Une opinion de Baudouin Peeters, Managing Director Dynamedia, société de conseils active en Belgique et dans la Région des Grands Lacs

Article publié sur InfoBelge et Medium, PAN et Le Vif.be.

Après 5 années de travaux et un relifting en profondeur, le Musée Royal d’Afrique Centrale rebaptisé « Africa Museum » ouvrait ses portes ce samedi. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet événement était attendu mais aussi craint par les férus d’histoire de Belgique et du Congo tant le politiquement correct est de mise depuis plusieurs années dès qu’on aborde le passé colonial de notre pays. Si on peut se réjouir (mais à quel coût pour le contribuable !) de la mise en valeur du patrimoine architectural et des ajouts modernistes plutôt bien intégrés au splendide parc de Tervueren, la déception est de mise pour la scénographie du musée : aucun fil conducteur (brouillon et non chronologique), une signalétique défaillante, un choix de mélanger passé et présent sans contextualisation, des touches modernistes complètement anachroniques et une absence – voulue – quasi totale du fondateur du musée (Le Roi Léopold II est cantonné à un buste en mauvais état dans une vitrine, sans un mot pour son rôle de pionnier du musée).

Que dire de l’improvisation (après 5 ans de fermeture tout de même…) de certaines salles ou sections, pas terminées ou avec des illustrations collées à la va-vite avec du papier collant provisoire !

Le pire est hélas à venir avec la partie coloniale, perdue derrière la salle aux crocodiles (sans doute une coïncidence ?)…

Cette partie, présentée sans la moindre contextualisation pour comprendre le passé, est entièrement réécrite à la sauce bien pensante de notre époque. C’est bien simple :  seule la partie consacrée à la santé durant la période coloniale échappe à la critique, virulente et unilatérale.

Pas un mot sur les apports et bienfaits avérés dans de nombreux autres domaines tels que l’éducation, les infrastructures, la conservation de la nature, la paix, la justice, l’absence de corruption, l’agriculture, la biodiversité, la recherche ou encore le niveau de vie et l’économie florissante qui classait le Congo au 27e rang mondial (il est aujourd’hui parmi les 10 plus pauvres au monde avec un salaire moyen par an de 450$/habitant, soit, en francs constants, 6 fois moins qu’en 1960, où le PIB par habitant était le plus élevé d’Afrique !).

Les historiens doivent se retourner dans leur tombe en découvrant cette présentation des faits biaisée et revisitée, qui tente de décrédibiliser le passé avec un regard culpabilisateur de notre époque. Dirait-on la même chose des Égyptiens, des Grecs ou des Romains ?

Il est urgent d’arrêter ce « Belgium bashing » et que la direction du musée fasse appel à un collège d’historiens pour rectifier le tir et donner à cette période de notre histoire sa juste place avec un regard objectif, sans juger le passé avec nos codes actuels mais en proposant au visiteur une présentation neutre, soulignant l’apport incontestable de ces pionniers tout en contextualisant les faits au regard des avancées et conquêtes sociales, raciales, culturelles et démocratiques de l’époque.

On peut d’ailleurs s’étonner que le Président du Conseil scientifique du Musée Royal d’Afrique Centrale, l’ancien Recteur de l’ULB, Pierre de Maret, ne soit quasi plus consulté depuis deux ans…

D’autant plus que les archives du Musée contiennent des documents permettant d’apporter des preuves incontestables démontrant le caractère manipulatoire et mensonger des accusations de violences à l’égard des Congolais, portées à l’encontre de Léopold II et des membres de son administration. Ne pas en faire état en bonne place constituerait une faute professionnelle grave.